Où l'on fait le tour des différents raisons supposées de l'apparition et/ou de la persistance du chômage dans les pays industrialisés...
L'explication la plus évidente du chômage est que les entreprises ne produisent pas assez pour avoir besoin d'employer tous les salariés. Cette insuffisance de la production vient d'une demande elle-même insuffisante adressée aux entreprises lors des crises économiques.
Pourtant, la majorité des économistes refusent cette explication [et considèrent, comme le postule la "loi de Say" d'après Jean-Baptiste Say], que puisque la demande naît des revenus distribués lors de la production, il ne peut pas y avoir de surproduction globale, [...] "toute offre crée sa propre demande".
Mais Keynes explique que, si les perspectives de demande sont mauvaises, l'investissement est faible. La production l'est donc aussi, et l'emploi par voie de conséquence.L'insuffisance de la demande est la ligne défendue par Joseph Stiglitz >>
Les économistes néoclassiques considèrent au contraire que les employeurs embauchent sans se préoccuper de leurs perspectives de production, supposant qu'il existe forcément un prix pour lequel ils peuvent écouler leurs produits. Donc il existe aussi un niveau de salaire pour lequel il est rentable d'embaucher et pour lequel tous ceux qui le désirent peuvent trouver un emploi.
[...] La bonne relation de [l'indicateur du climat des affaires évalué par les instituts de prévision économique] avec l'évolution à court terme du chômage confirme la pertinence de la vision keynésienne. [Mais ces cas d'] alternances de croissance et de ralentissement, d'optimisme et de pessimisme, sans [retour] au plein-emploi [illustrent les limites de ce raisonnement].
[...] Les changements de qualification et de régions que doit réaliser la main-d'oeuvre pour s'adapter aux emplois proposés sont considérables et requièrent du temps. Un certain chômage "de conversion" se produit alors [...]. Ainsi la grande vague de progrès techniques liés à l'informatisation et à la mondialisation [...] contribue à réduire la demande de travail non qualifié, entraînant la baisse des bas salaires aux Etats-Unis. En Europe, où un salaire minimum élevé empêche souvent la baisse des bas salaires, le chômage des moins qualifiés augmente.
[Une part du taux de chômage peut être imputée à une] mobilité géographique des salariés, [si elle est] entravée [par des] règles concernant les transactions immobilières [contraignantes] ou le manque de logements disponibles.Le manque de mobilité des travailleurs semble être une explication unanimement acceptée >>
Les économistes libéraux insistent sur le fait que le chômage sera plus élevé si les règles encadrant le marché du travail freinent les ajustements. Par exemple, une indemnisation élevée du chômage [ou] la subordination du licenciement à une autorisation administrative [...].
[Pourtant] pendant des années, l'OCDE [...] a tenté de montrer que la rigidité des marchés du travail était associée à un chômage élevé ; mais elle a fini par renoncer, faute de confirmation empirique.
[...] Pour les économistes qui considèrent que l'embauche dépend du salaire, le chômage vient surtout de ce que le salaire [minimum légal ou exigé par les salariés] est supérieur au niveau assurant le plein emploi.[...] la concurrence née de la mondialisation pourrait [...] nécessiter une baisse des salaires qui ne s'est pas produite, ce qui serait cause de chômage.Joseph Stiglitz, dans le même article évoqué plus haut, considère que la mondialisation est un faux coupable >>
Arnaud PARIENTY, Alternatives Economiques, 10/2012, p. 68.
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